A l’origine, Julien Palmilha vient du graphisme et de la photographie de mode; la mise en page de contenus, faire sens entre le fond et la forme, envelopper le tout en une synthèse esthétique de haut vol, ce sont des gammes qu’il maîtrise, mettant un point d’honneur à garantir l’efficacité visuelle si propre à ces univers.
Dans son travail personnel, les éléments constitutifs du travail de commande évoqué ci-dessus, la pose, la lumière, le cadrage, la mise en scène sont présents.
Parce que le monde est figuratif, ces images le sont; forêt de codes identifiables qui ensemble se transforment en activa- teurs d’obsessions dépassant le champ du visible; réunis ainsi, ils deviennent en effet des vecteurs de signes… pourtant indémontrables; ils se dérobent puis réapparaissent, puis se perdent à nouveau.
Le questionnement ou le ravissement du regard que procurent ces images remettent au goût du jour la poursuite de l’inquiétante étrangeté menée par des prédécesseurs tels Man Ray ou Bunuel, de même que ces êtres chimériques, ces femmes-prothèses font peut-être échos aux recherches de l’artiste contemporaine allemande Rebecca Horn.
Cela étant, la référence à une certaine esthétique surréaliste résulte sans doute du même procédé que l’utilisation à l’envi des codes des photographies de mode ou publicitaires; sous ces voiles attestant de notre foi aveugle (!) dans la réalité visible, se dévoile en réalité la fonction de l’icône. A y voir de plus près, donc plus longtemps, l’espace de la lecture glisse vers celui de la contemplation. Pas de nimbe ni de fond d’or, à cette fréquence, ne se perçoivent que les multiples silences des pulsations de l’infra-mince, à l’infini.
par Florence Grivel